travaux et sorties (à lire, surtout la fin !)
Au niveau des travaux dans la bibliothèque, je suis sortie sur cercle vicieux lessiver-gratter-reboucher-lisser-regratter-rereboucher-relisser etc. Je me suis décidée hier à passer à quelque chose qui se voit davantage : mesurer-découper-encoller-poser.
Voilà une étape qui apporte satisfaction et sentiment de bosser pour quelque chose. Après cette photo, j'ai encore posé un deuxième lé mural, pour avoir l'impression que j'avais presque fini le mur !
Après cette phase bricolage, on a pu se rendre à la fête du livre jeunesse à Maubeuge (bon, c'était déjà fermé, acte manqué...).
Poulpy m'avait dit qu'il avait vérifié sur le programme : ça fermait à 19h (en fait, j'ai vérifié ce matin, c'était bien écrit 18h). Ensuite Poulpy avait prévu un ciné à 19h30 (Le Stratège). Comme on s'est retrouvé comme des cons devant l'hôtel de ville de Maubeuge fermé à 18h30, on a décidé d'aller manger un bout avant le film. Dans la file d'attente du restaurant (Hmm... dans quel sorte de "restaurant" fait-on la queue -à Maubeuge- d'après vous ?), on a feuilleté le programme du ciné, judicieusement mis à disposition sur le comptoir. Le film était en fait à 19h. Consultation de l'heure : 18h50, il n'est pas trop tard pour se jeter dans la salle obscure.
Tout ça pour dire : Poulpy avait programmé la soirée et s'est planté sur les deux seuls horaires décisifs... Et c'est lui qui est chargé d'organiser nos prochaines vacances d'été (un défi que je lui ai lancé)... Ça promet !
Sinon, c'était ma cinquième soirée dans un cinéma en une semaine :
- samedi dernier, on est allé voir Tintin en 3D. Pourtant, on aime pas la 3D, on le dit à chaque fois. Mais on voulait laisser le bénéfice du doute à Spielberg (et quitte à trouver en Tintin un film médiocre, s'en faire une idée dans les conditions optimales de projection, et non pas devant la télé dans notre salon en se disant pour excuser le film "mais bon, c'était un film à voir en salle").
- dimanche soir, on a vu Polisse (pas trop tôt me direz-vous). Vraiment un bon film, intéressant et "concernant". Il fait réagir, discuter après, envisager des questions de société (effet que n'a pas Tintin, tiens...).
- lundi soir, j'ai assisté à une conférence d'Yves Lecointre, directeur du FRAC-Picardie, sur le dessin contemporain. Conférence organisée au cinéma de Solre-le-Château par l'association Cent Lieux d'Art². C'était passionnant.
mardi, mercredi, pas bougé. Trop nase pour aller à la chorale mardi. Jeudi soirée à Lille avec ma Jeannou.
Et vendredi soir, grosse, grosse claque au théâtre du Manège devant un spectacle de danse chorégraphié par Olivier Dubois, Révolution.
Révolution, parce que les onze danseuses ne font que tourner autour de leur barre verticale (chacune une). Le tout sur le Boléro de Maurice Ravel. En fait, pendant les 45 premières minutes (le spectacle dure 2h10), elle tournent en marchant, toutes synchronisées, et les premières mesures du Boléro (roulement de tambour) passent en boucle. Ca peut sembler long (une bonne trentaine de personnes ont quitté la salle).
C'est lancinant, hypnotique. On ne voit plus qu'un ensemble étourdissant, comme ça :
On finit par décrocher, se parler, se distraire "comment elles font si un cheveu leur chatouille le nez ?" "comment elles font si elles veulent se gratter les fesses ?" "imagine, au bout d'une heure, elles changent de bras et recommencent la même chose dans l'autre sens pendant une heure !" "imagine elles changent de barre avec leur voisine et recommencent tout pareil et ce serait la seule chose qui arriverait pendant tout le spectacle" etc.
En fait, nous étions au troisième rang, nous pouvions voir en coulisse le moniteur qui transmettait les informations de chorégraphie aux danseuses, et nous étions conscients qu'elles n'allaient pas marcher en rond pendant 2h15... Au bout d'un moment (après 200 tours sur elles-mêmes en fait), il a commencé à y avoir de très légères variations : ralentissement du pas, décallage... puis des enchaînements de mouvements... comme une hallucination auditive, on entendait des mesures du Boléro, qui se fondaient à nouveau dans le roulement de tambour. Et ça a pris de plus en plus d'ampleur. Les mouvements ont été de plus en plus fréquents. À mesure que l'énergie des danseuses baissait, augmentait l'effort qui leur était demandé.
À la fin, dans la dernière demi-heure, c'était une transe frénétique, avec le Boléro à fond les ballons, et on voyait (puisqu'on était tout près) leurs mains qui avaient du mal à tenir la barre, leur corps qui avait du mal à tenir debout, leurs sauts devenir des rampements... De temps en temps, certaines criaient, comme des joueuses de tennis, seule expression de la douleur qui leur était autorisée. Sur les dix dernières minutes, j'avais hâte que leur calvaire s'arrête, j'avais hâte qu'elles soient relevées de cette torture, j'avais hâte que la musique s'arrête, qu'on puisse se lever et crier bravo dans une standing ovation si peu par rapport à ce qu'elles venaient de donner...
Quand ça s'est arrêté, qu'on les a applaudies, elles sont parties en coulisse et sont revenues saluer. Aucun sourire n'arrivait à marquer leur visage qui portait encore les stigmates de la douleur, celle qui était juste devant moi avait les larmes et la morve qui ruisselaient sur son visage. Ca a été vraiment un moment intense, une expérience à vivre, quelque chose de très perturbant. Et deux jours après, avec Poulpy, on en parle encore, on chante encore le boléro, et on est toujours sur les fesses à l'idée du spectacle qu'il nous a été donné de voir.
Tournesol